Nous quittons Carthagène par une petite route qui file vers l’est puis qui pique plein sud en suivant le Rio Bolivar. Comme à Carthagène et le long de la côte Caraïbes, la communauté noire est ici très représentée, se côtoient escendants d’esclaves et descendants de colons espagnols et toute la palette de métissage possible. Nous croisons de petits bourgs assez pauvres, de très nombreuses fincas.

Nous faisons une première halte, le 26 juin, à San Estanislao où nous goûtons aux délicieuses pâtisseries colombiennes à base de "bocadillo", pâte de goyave très sucrée et savoureuse. Nous suivons le le demain le Rio par une très jolie route de halage. De chaque côté de la rivière s’étendent des marais et l’absence de relief nous permet d'observer vaches et oiseaux de toutes sortes.

Nous retrouvons nos pauses déjeuner dans les comedors où les haricots rouges sont remplacés par des lentilles toujours accompagnées de poulet de de riz avec en plus une soupe, sorte de pot au feu, en entrée. Le repas est servi avec un " jugo natural " à la goyave ou au fruit de la passion ou d’une " agua de panela". La panela est commercialisée sous forme de blocs marron, son unique ingrédient est le jus de la canne à sucre, qui est cuit à haute température pour donner une sorte de mélasse, ensuite refroidie en pains.


Nous continuons, le troisième jour, vers le sud puis bifurquons, à San Onofre, sur la petite route qui mène à Rincon del Mar sur la côte Caraïbe. Rincon del Mar est petit village de pêcheurs qui a su garder son authenticité tout en développant un tourisme de petits hostals et de paillottes sur la plage. Il y fait bon s’allonger à l’ombre des toits de pailles ou sur les hamacs.

Les gens y vivent de la pêche et du tourisme, il y a de petites tiendas le long de la rue principale où l’on trouve de tout. Le week-end les familles colombiennes viennent y passer la journée chargées d’énormes glacières. Nous y dégotons une chambre double avec terrasse vue sur la mer, où, une fois n’est pas coutume, les enfants dormiront sur leurs matelas.

Nous y passons 3 jours à se laisser bercer par la douceur caribéenne. Le temps de faire une sortie en lancha à moteur pour aller observer l’île aux oiseaux et le plancton phosphorescent dans la mangrove à la nuit tombée, le temps de profiter des baignades, des parties de volley-ball, des averses tropicales et des grasses matin


Nous reprenons la route, le 2 juillet, bien décidés à affronter la chaleur et les marais de l’intérieur des terres. La route 90 devient plus petite, moins carrossable et moins fréquentée. Nous la quittons avant la grande ville de Sincelejo pour une piste joliment vallonnée qui serpente entre étangs, prés et fincas. Nous posons nos matelas sous le toit de paille d’une magnifique ferme entourée de colines verdoyantes.

Nous y sommes accueillis par une sympathique famille d’ouvriers agricoles. Les enfants jouent avec les petites filles en vacances à la campagne chez leur grand-mère, Charlotte et Nino font un petit tour à cheval et nous pouvons profitons du feu pour se faire à manger.


Nous dormons, bercés par les bruits de la basse-cour, les hennissements des chevaux et la tiédeur de chiots désireux de partager un coin de nos duvets !


Nous poursuivons la piste le lendemain. Après une première portion agréable et assez roulante, où nous avons encore une fois la chance de croiser singes et toucans, nous nous égarons dans le lit sableux d’un ruisseau à sec et nous devons faire demi-tour en poussant les vélos.

Deux bonnes heures de détour pour finalement récupérer une petite route bitumée qui nous mène jusqu'à la ville de Corozal. Il fait très chaud et la suite va nous le confirmer.

Nous roulons maintenant vers l’est sur la route 78 qui traverse une grande zone de marais. Les températures ressenties frôlent les 40 degrés et nos amis les moustiques sont au rendez-vous ! Après Corozal, nous retrouvons le bitume et le plat.

Nous dormons une fois encore à l’air libre sur une terrasse, dans une finca appartenant à un turc. Le propriétaire n’est pas là mais nous passons la soirée avec les deux garçons de la famille qui garde les lieux. Ils ont 14 et 15 ans et sont très intéressés par notre voyage et notre matériel. Ils sont aussi très marrants et n’en finissent pas de nous bombarder de questions et de blagues !

On passe un très moment, la nuit, elle, s’avèrera moins sympathique, harcelés par les moustiques et la chaleur !


Nous roulons fort les deux jours suivants pour atteindre Mompox tout d’abord puis El Banco. Nous faisons une journée de pause à Mompox, ville coloniale aux rues délabrées où les moustiques nous piquent même en pleine journée.

La route est toute plate jusqu'à El Banco , nous traversons les marais, franchissons de longs ponts , c’est très vert et paisible.

La ville d’El Banco est grouillante, poussiéreuse et bruyante. Nous y mangeons nos premières "salchipapas", plat de saucisses et de frites surmonté de salade et de sauce !

Nous décidons d’y prendre un transport pour rejoindre la cordillère orientale, afin d’avoir plus de temps dans les montagnes du Santander.


Nous prenons donc un bus tout confort le 8 juillet pour rejoindre Bucaramanga à 1000m d’altitude. La montée jusqu'à la ville nous laisse entrevoir les paysages de montagne luxuriante qui nous attendent par la suite. Arrivés à la gare routière de Bucaramanga nous grimpons à vélo les 10 kilomètres qui nous séparent de Floridablanca où, Gerardo, un hôte Warmshower, nous attend. Il habite un petit appartement lumineux et spacieux à deux pas du parc central. Il est artiste et prof de dessin, c’est un grand type de presque 60 ans aux cheveux longs et aux allures d’indien. Ses murs sont recouverts de ces œuvres. L’endroit est chaleureux et confortable.

Il nous met tout de suite à l’aise, nous explique que l’on peut faire comme chez nous, la salle de bain et la cuisine sont à notre disposition. Il reçoit presque chaque mois des cyclistes mais c’est la première fois qu’il reçoit une famille.

Nous faisons les courses pour le repas du soir et nous convions Gerardo et sa copine à partager un apéro guacamole-crudités et des pâtes carbonara. Gerardo nous propose de nous emmener le lendemain jusqu'à une cascade toute proche. Nous restons donc chez Gerardo le 9 juillet. Après un petit déjeuner bien matinal et un petit tour au marché, nous allons à pied jusqu'à la cascade profiter de la fraîcheur de l’eau.


La journée se passe entre le repas du midi partagé avec notre hôte, les discussions passionnantes, l’écriture des carnets et la visite du Décathlon de Bucaramanga pour Yoann et Charlotte ( Yoann à besoin de nouvelles lunettes de soleil). Gerardo écoute de la musique tout au long de la journée et nous fait découvrir de nombreux groupes colombiens. Nous préparons une montagnes de crêpes pour le repas du soir et allons rendre visite à la joyeuse famille de Gerardo qui se réunit tous les dimanches dans l’appartement du dessous.

Gerardo a prévu de nous accompagner, à vélo, le lendemain, pour notre première étape sur la cordillère orientale....... direction Bogotá !