Nous quittons León le 21 mai au matin pour rejoindre d'une traite l'océan Pacifique. A mesure que nous nous approchons de la côte, le climat devient plus sec, le paysage devient jaune et brun, buisson épineux, arbres sans feuille, la route devient pavée puis piste. Nous arrivons dans la petite ville résidentielle d'El Venero en espérant se faire héberger dans un restaurant de bord de plage....le restau en question est beaucoup trop chic pour que nous y plantions nos tentes alors on s'installe sur la plage après une baignade salvatrice. L'endroit est équipée d'un robinet et d'une douche et une fois les visiteurs du dimanche partis nous sommes tels des Robinsons sur notre plage déserte, avec pour seul bruit celui des vagues et pour lumière celle d'un feu de camp. La soirée est belle mais la nuit bien moite....le vent qui soufflait en fin d'après midi s'est totalement calmé à la tombée de la nuit et il n'y a pas le moindre souffle d'air sous les toiles.


Heureusement, l'étape du 22 n'est qu'une petite balade de 18 km sur la piste qui relie notre campement au village de pêcheurs d'El Transito où nous avons prévu de nous arrêter quelques jours. Nous trouvons un hostal tenu par un français et géré en son absence par une équipe de 4 jeunes volontaires européens. Ils nous proposent de poser nos matelas sur le plancher de la paillote à étage sur lequel eux-mêmes ont installé leurs lits. Les journées à El Transito s’étirent tranquillement : réveil matinal au son de l’énergique klaxon du bus de 7 heures ( quand ceux de 5h et 6h nous laissent à moitié endormis ), surf pour certains, petit-déjeuner pour d’autres, baignades, déjeuner et sieste, rebaignade et courses avant un repas à l’auberge où nous profitons allègrement de la cuisine. Couchés de bonne heure dans la relative fraîcheur de la nuit souvent arrosée d’une bonne pluie tropicale avant l’aube... L’endroit est tranquille, la plage magnifique, le petit supermarché ne manque de rien et nous non plus ! Comme à chaque pause appréciée nous prolongeons d'un jour ....


Il est temps de se remettre en selle le 26 mai. Nous quittons El Transito comme nous y sommes arrivés, sur une piste de terre un peu tassée par la première vraie pluie de mousson qui est tombée au moment de notre départ. La suite du parcours monte doucement mais sûrement. A quelques vingt kilomètres de Managua nous quittons la route qui mène à la capitale pour prendre un axe secondaire qui la contourne par le sud. Nous avons pris 700m d’altitude et tout est à nouveau vert. Nous nous arrêtons à quelques kilomètres du col dans la finca de Pedro. Il a acheté cette ferme de bananes il y a 2 ans et un de ses fils tient le restaurant situé juste au-dessus de la ferme. Pedro est d’accord pour que nous plantions les tentes sur le parking devant chez lui, nous profitons de la magnifique vue sur Managua de la terrasse du restaurant et Pedro nous emmène en expédition sur les pentes raides de sa bananeraie d’où nous ramenons deux énormes régimes de " platanos". Soirée et nuit fraîche grâce à l’altitude.


Nous quittons Pedro et sa famille le 27 au matin après une discussion animée sur la situation politique de son pays, des pays voisins et du monde en général. Pedro a étudié en Allemagne,est allé plusieurs fois en Russie. Il est un sandiniste convaincu et fervent partisan du président Daniel Ortega. On promet de rester en contact, de le tenir informé de la suite de notre voyage. Après les derniers kilomètres de côte, nous entamons une interminable descente de 40 kilomètres qui nous mène jusqu'à Massaya. En route, nous nous arrêtons admirer la lagune Apoyo dans la jolie localité de Catarina animée en ce jour de la fête des fleurs. A Massaya nous trouvons une pièce avec ventilateur pour poser nos matelas dans l’accueillante Casa de Maria.


Nous restons à Massaya le 28, jour des 45 ans de Yoann, pour aller voir à la tombée de la nuit l’incroyable lac de lave du volcan Santiago.....et un volcan d’anniversaire !!

Après quelques cadeaux achetés le matin au marché artisanal nous dégustons une pizza et une glace " cookie and cream" d’anniversaire !


Le 29 au matin, nous prenons une jolie piste pour rejoindre Granada. Les maisons coloniales colorées et les rues pavées nous " obligent", encore une fois, à faire une pause. L’hostel " De boca en boca" tenu par un français est un véritable havre : jardin tropical, hamacs et banquettes colorées, coin cuisine tout équipé et jeux à disposition invitent à la paresse...


Paresseux, nous ne le sommes jamais très longtemps, car nous réenfourchons nos montures le 31 mai pour une longue étape de plus de 70 km jusqu'à San Jorge où nous devons prendre le ferry pour l’île d’Ometepe le lendemain. Arrivés à San Jorge, il est encore temps de prendre le bateau de 17h pour passer la nuit sur l’île. Une heure de traversée, donc, pour rejoindre Ometepe au soleil couchant, avec une vue incroyable sur le volcan qui se détache d’un ciel nuageux à couper le souffle. La première nuit à Ometepe ne sera pas mémorable. L’hôtel est en rénovation, les chambres vétustes mais le propriétaire est charmant et se démène pour nous apporter un minimum de confort ...on en a vu d’autres !


Nous parcourons, le 1er juin, sur la jolie route pavée de l’ile, les 13 kilomètres qui nous séparent de la Chiponga où nous trouvons une chambre 5 lits avec cuisine et plage ... Nous sommes tout seul, les propriétaires sont très sympas, l’eau du lac est à 30 degrés, les petites pulperias ( épiceries) du virage ne manquent de rien et, cerise sur le gâteau, nous avons chaque jour la visite d’une facétieuse troupe de singes capucins, " capuccinos" , qui nous mangent dans la main...

1 jour, 2 jours, 3 jours.... installée à l’ombre d’arbres gigantesques en bordure de la forêt tropicale, j’entends les enfants qui se baignent dans la baie qui offre une vue imprenable sur les volcans Conception et Maderas, quelques scooters passent sur l’unique route qui fait le tour de l’île....c’est promis, demain, on reprend la route ....