Dernière ligne droite ( façon de parler ...) de notre voyage, rejoindre Bogotá en 6 jours de vélo : c’est la tâche qui nous attend en ce 25 juillet.

Nous quittons notre confortable camping de Moniquira et démarrons tout de suite par une belle montée. En ligne de mire, aujourd'hui, la ville de Villa de Leyva. Nous passons au-dessus des 2000m et la végétation change peu à peu : on renifle l’odeur des pins et des eucalyptus que l’on avait pas sentie depuis longtemps. Nous sommes également dans une region maraîchère, il y a de grandes serres de legumes en plastique blanc à perte de vue. Nous dejeunons à Santa Sofia point le plus haut de notre étape et nous mettons pulls, coupe-vents et doudounes avant d’entamer la descente. Il fait vraiment frais et le ciel est bien menaçant. Nous nous en sortons avec seulement quelques gouttes et atteignons la jolie ville de Villa de Leyva en début d’après-midi.


Nous nous installons dans une confortable auberge où nous apprécions, pour la première fois depuis un mois, une douche chaude! A plus de 2000m d’altitude, c’est bien agréable ! Après une visite de la Plaza Major et des rues touristiques de la ville, Yoann et moi allons faire les courses pour le dîner et le ravitaillement pour l’étape du lendemain.


Nous sommes fin prêts, le 26 juillet, pour aller bivouaquer à 3000m. Nous sortons de Villa de !eyva en empruntant, tout d’abord une assez grosse route qui suit la vallée. Incroyable ! Nous roulons sur du plat pendant près de 25 km ! Nous arrivons à Raquira à l’heure pour le pique-nique. C’est sans compter sur le fait que nous sommes dans la région des potiers et que Raquira, dernière ville du coin desservie par une route asphaltée, est très touristique. Les maisons sont peintes de couleurs vives et les boutiques d’artisanat se succèdent le long de la rue principale. Le pique-nique attendra donc que nous les visitions toutes une à une !




Après Raquira, donc, plus de goudron mais une piste en terre et cailloux qui montent plus ou moins sévèrement jusqu'à 3000 m d’altitude. La montée est difficile et l’équipe peine et ronchonne. La végétation se fait plus rase et les points de vue sont impressionnants. Le temps est nuageux et le froid commence à se faire sentir.

Nous croisons toujours autant de motos mais la tenue des conducteurs a changé : la plupart sont emmitouflés dans de grands ponchos en laine et ont la tête couverte d’un bonnet. On croise des habitants coiffés de chapeaux de feutres caractéristiques des Andes. Les derniers kilomètres n’en finissent pas et le dernier raidillon aura raison de nous. Nous nous arrêtons dans un près au bord du chemin à 2970m ! Nino voulait dormir à 3000m....on y était presque ! La soirée est bien fraîche et nous passons de justesse entre les gouttes....jusqu'au moment de manger. Les pâtes-sauce tomate seront donc

"dégustées" à l’abri de la grande tente. Duvet, drap de soie, tee-shirt à manches longues on s’équipe chaudement pour cette nuit au sommet ....



Au réveil, notre Nino est un peu fébrile et l’équipe se prépare doucement. Il fait froid et les tentes sont mouillées, on attend donc un peu que ça se réchauffe. Un doliprane plus tard nous voilà repartis. Yoann et Lois ont allégé Nino de ses sacoches et une fois franchis les 3000 m nous avons plutôt de la descente.

Nous sommes toujours sur de la piste et croisons de plus en plus de jeunes hommes à moto, habillés de combinaisons et de bottes et le visage noir de charbon. Nous sommes dans une région de mines et à l’approche de la ville de Guacheta de lourds camions remplis de charbon nous doublent. La route est recouverte de poussière noire. La ville n’est pas des plus agréable et nous changeons de décor et de niveau de vie après les jolies villes coloniales et touristiques traversées précédemment. L’accueil, lui, ne change pas, les gens sont toujours aussi chaleureux et avenants, que ce soit à l’hôtel où nous logeons que dans les commerces où les gens nous reconnaissent pour nous avoir croisé sur la route. Sieste pour tout le monde, puis séance de cinéma Netflix bien au chaud sous les couvertures en mangeant des empanadas ....Nino a de la fièvre et mal au ventre....on verra bien demain !


On se réveille un peu plus tard que d’habitude en ce 28 juillet. Nino a mal dormi mais la fièvre semble être retombée. On vise donc la ville de Ubaté, au bord de la route 45, en espérant pouvoir pousser un peu plus loin ( selon l’état des troupes) en prenant une piste parallèle à la 45 et qui amène au pied des Farallones de Sutatausa ( formations rocheuses). La route est belle et plate pour rejoindre Ubaté, on file et on atteint la ville pour le déjeuner. On décide de poursuivre la route afin de profiter d’une dernière nuit de camping avant Bogota. Ravitaillement donc, puis jolie piste d’une dizaine de kilomètres qui dessert des villas et des maisons très cousues. Au bout de la piste, le sentier de randonnée qui mène aux Farallones et un restau désert qui fait aussi camping.

Nous appelons les propriétaires qui viennent ouvrir les lieux. Petit près moelleux pour poser les tentes, sanitaires avec douche chaude, tables, chaises et pour voisin un sympathique âne qui ne nous réveillera plusieurs fois pendant la nuit ....on est pas bien là!


Les deux jeunes propriétaires sont très sympas et restent un long moment discuter avec nous. Ils sont très intéressés par notre voyage, ils trouvent ça incroyable et ça les fait bien rire ! Au cours de la discussion, la femme nous apprend que sa mère est infirmière et qu’elle peut, sans problème, venir enlever les points de suture de Loïs le lendemain matin. Muy amable y muy bueno ! Ils nous souhaitent bonne nuit et nous laissent seuls après nous avoir prêté deux énormes couvertures pour affronter la nuit froide.


Réveil sous une petite bruine qui tombe de nuages bas accrochés aux sommets qui nous entourent... on prend notre temps en ce 29 juillet, avant dernier matin de notre aventure à vélo....Comme prévu, la mère de notre hôte arrive peu avant 10h et retire à Loïs ses 12 points de suture. Ça fait un peu mal mais elle réconforte Loïs en l’appellant " mi amor" ou " chiquito ". Elle est douce et attentionnée et nous rend un bien grand service avec simplicité et générosité.... " a la orden, con mucho gusto ! "

Sur la route, nous attend la dernière montée du voyage. Quelques 8 km pour atteindre une nouvelle fois les 3000m avant une redescente sur l'altiplano de Bogotá ( 2500m). Nous sommes sur la route 45 et le trafic est dense en ce samedi matin, les cyclos sont fatigués et la pluie froide qui se met à tomber à 3 km du sommet nous glace ! On fait une pause goûter-café pour se rechauffer et on s’équipe pour affronter la descente.

On à l'impression d'être au ski, ça nous gèle les mains et les jambes et on est trempés ! La descente est longue et belle et nous sortons enfin des nuages et apprécions la chaleur de quelques rayons de soleil qui nous sèchent bien vite. Nous arrivons dans la grande ville de Zipaquira à temps pour un bon almuerzo " pechugas de pollo con arroz y frijoles".

Alors que nous attendons à la porte d’un hostal, un homme s’arrête à notre hauteur avec sa voiture et nous demande d’où on vient. Il se gare un peu plus loin, vient nous serrer la main et prendre notre numéro de téléphone, il veut nous inviter au restaurant ce soir, il veut en avoir plus sur notre voyage. Et c'est ainsi qu’après une douche et un peu de repos nous retrouvons Josman, sa femme et leur fils Frédérico dans une chaleureuse pizzeria de la ville. Pendant qu’on se régale de pizzas peperoni Josman nous interroge, il veut savoir comment on voyage, comment on a pris la décision de partir, il s’excuse pour toutes ses questions, nous remercie d’avoir accepter l’invitation et au moment où l’on veut partager l’addition regarde Yoann et lui dit :" Je sais que tu peux payer, mais là, c'est moi qui t’invite ". Incroyables ces colombiens !

On a vraiment passé une très bonne soirée avec ces gens qu’on ne connaissait pas quelques heures plus tôt ! On va se coucher, toujours surpris, après 6 semaines dans le pays, de la formidable hospitalité colombienne ....


Les petits cyclos sont bien excités en ce dernier jour de vélo. Dernière étape, derniers kilomètres de pédalage..


.Nous quittons Zipaquira sur une piste cyclable que nous ne quitterons pratiquement pas jusqu'à notre arrivée dans le quartier de la Candelaria à Bogotá. Presque 60 km d’aménagement vélo en site propre avec ponts cyclables pour passer d’un côté à l’autre des routes.

Le trafic est dense mais nous nous sentons protégés sur notre petite bande de goudron. Nous sommes dimanche matin et il y a de nombreux cyclistes sur les pistes. La pluie nous surprend à l’entrée de la ville et nous pédalons encore 30 km dans les rues de capitale.

Nous profitons de la Cyclovia, grande avenue coupée à la circulation automobile le dimanche et qui traverse la ville du nord au sud. Nous trouvons un hostal dans le quartier historique de la Candelaria et décrochons une dernière fois nos sacoches de nos montures.

Il nous reste 4 jours pour visiter Bogotá, empaqueter nos vélos et nos bagages avant de prendre l’avion vendredi.....✈️



Ces dernières semaines passées en Colombie ont conclu notre aventure de manière magistrale. On rentre la tête pleine de souvenir, un petit pincement au cœur pour cette parenthèse qui se ferme, cette petite bulle qui va éclater comme le dit si bien mon amie Marion et heureux de retrouver la famille, les amis, le pain croustillant et les plateaux de fromage !!!😜